Voilà une technique qui fait peur à plus d'un amateur de jardin. Pourtant, quel est le jardinier qui n'a pas eu envie un jour d'essayer ? Il y a souvent des échecs au début, mais on apprend vite et c'est très gratifiant. Il suffit de rencontrer quelqu'un qui connaît les méthodes ; pour cela rien de tel que d'adhérer à l'association dite des "Croqueurs de pommes". Le but de cette association est de sauvegarder le patrimoine fruitier ancien, bien menacé par la production industrielle, on y apprend, grâce à des bénévoles compétents, les techniques de taille et de greffe.
Mes expériences ont porté d'abord sur des cerisiers que je greffais fin février-début mars : greffe en fente très élémentaire, sur des francs présents dans le jardin. Puis, je me suis risqué à la greffe anglaise simple ou compliquée. Les succès sont venus le jour où j'ai compris que, pour les greffes de fin d'hiver- début de printemps, il fallait que le greffon soit en retard de végétation par rapport au sujet (porte-greffe). Il faut donc prélever les greffons aux mois de décembre ou janvier et les conserver en terre sableuse, humide, à l'ombre pour les installer deux ou trois mois plus tard sur le sujet qui commence à se réveiller.
Il existe d'excellents livres et de très bons sites sur le sujet. Je recommande en particulier le vieux livre de Charles Baltet : "L'art de greffer", très complet et celui d'Evelyne Leterme : "Le greffage", d'un bon niveau technique et bien illustré.
Ici, je me contenterai donc d'indiquer quelques astuces que j'ai glanées ici ou là et qui m'ont permis de progresser ; en outre quelques photos aident à comprendre.
Astuce n°1 : Il faut absolument éviter le déssèchement des parties à mettre en contact, pour cela, le mieux est de faire vite. Mais les débutants manquent en général de rapidité, je leur conseille donc de préparer le greffon d'abord et de le mettre dans la bouche, le temps de préparer le sujet.
Astuce n°2 : Pour les greffes de printemps-fin d'hiver, prélever les greffons au début de l'hiver, pour celles d'été-automne, prélever les greffons le jour-même de la greffe.
Astuce n°3 : Ligaturer les greffes avec un lien élastique et de préférence qui se délite par les intempéries (soleil-pluie)
Astuce n°4 : Protéger avec du mastic à greffer toutes les plaies de coupe visibles : extrémité des greffons, coupe du sujet près du point d'insertion du greffon. C'est très important, car sinon, il y a déshydratation, donc mort du greffon.
Astuce n°5 : Opérer sur des sujets jeunes, dont le diamètre est d'environ 1 cm est relativement plus facile, car la multiplication des cellules est rapide chez les jeunes, donc les plaies se réparent plus vite.
Astuce n°6 : ne pas se décourager, ce qui rate à une saison peut réussir à la demi-saison suivante (on a droit à deux tentatives par an)
Astuce n°7 : Pour réussir un surgreffage, il est conseillé de laisser un tire-sève pour maintenir un courant de sève. Ceci oblige souvent à greffer assez haut, d'où une idée que j'ai expérimentée avec en 2011 : greffage en couronne sur un demi-disque. L'idée est de surgreffer vers le bas du tronc, ceci pour deux raisons
- Obtenir des fruits faciles à cueillir.
- Pouvoir surgreffer des arbres qui ont déjà été surgreffés, ceci au-dessous du deuxième point de greffe, sinon, il y aurait deux intermédiaires.
Une méthode de surgreffage efficace :
Comme certains des arbres que je voulais surgreffer n'avaient leurs premières branches qu'à 1,5m du sol, voila comment j'ai procédé :
- Je scie la moitié du tronc là où je vais greffer
- Je donne un deuxième demi-trait de scie en biais 10 à 15cm au-dessus du précédent
- Sur le demi-disque inférieur, je fais un greffe en couronne classique
Greffe en fente simple : |
Greffe en fente double : |
Greffe anglaise : |
Greffe anglaise compliquée : |
Greffe en coulée : |
greffe en pincement : |
Greffe en couronne : |
Greffe en écusson : |